exagéré

exagéré, ée [ ɛgzaʒere ] adj.

• XVI^e; de exagérer

1 ♦ Qui dépasse la mesure. ⇒ excessif; hyper-, ultra-. « Terrassier, constata le docteur. Cela impliquait le développement exagéré des muscles de la jambe droite, qui enfonce la pelle » (Aragon). Luxe exagéré. ⇒ outrancier. — Il est exagéré, c'est exagéré de dire, de croire...

2 ♦ Qui amplifie la réalité. Il m'en a fait un récit, un tableau très exagéré. Louanges, compliments exagérés. ⇒ hyperbolique, superlatif. Prix, chiffres exagérés. ⇒ astronomique, exorbitant, fam. 1. salé. « Cent trente-cinq mille ans ! dit l'Indien, ce compte est un peu exagéré » (Voltaire). On peut dire, sans pessimisme exagéré que... ⇒ extrême, outré. Réputation exagérée. ⇒ surfait. Loc. prov. « Tout ce qui est exagéré est insignifiant » (Talleyrand). — Vieilli Qui manque de mesure (personnes). ⇒ excessif . « une nature enflammée, violente, exagérée, aimant les cris, la casse » (A. Daudet).

⊗ CONTR. Insuffisant; faible, modéré.

exagéré, ée

adj. Outré, excessif. Des louanges exagérées.

⇒EXAGÉRÉ, ÉE, part. passé et adj.

I.— Part. passé de exagérer.

II.— Emploi adj. Qui présente un aspect excessif (v. ce mot B 1). (Quasi-)synon, extrême, outrancier, outré. Car enfin, parmi ces derniers il n'en est aucun à qui l'impôt, quelque exagéré qu'il soit, ravisse la totalité de son revenu (SAY, Écon. pol., 1832, p. 555). Les attitudes et les gestes de la fille me paraissaient aussi exagérés, aussi faux que ceux de la mère (GIDE, Isabelle, 1911, p. 656) :

• ... l'histoire touchante des petites filles abandonnées ou perdues dont la vie est condensée sur l'écran en douze minutes de misère atroce et trois minutes de réparation et d'apothéose dans un salon d'un luxe exagéré...

HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 178.

— [En constr. impers.] Il est exagéré de + inf., c'est exagéré (de + inf.). Il est excessif de. Vous tombez, chère Athéna, dans un moment de l'entretien qu'il n'est pas exagéré de dire pathétique (DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 49).

— Emploi subst. masc. Personne qui a des idées, un comportement extrême, excessif. À 5 h le dépouillement terminé a donné pour résultat trois majorités : MM. Maine de Biran, Verneilh et Laval. La force du parti constitutionnel a été ainsi prouvée; les exagérés ont été abattus (MAINE DE BIRAN, Journal, 1817, p. 63). Dénoncé aux Jacobins comme un exagéré, ce jeune soldat pouvait la compromettre et la perdre [la citoyenne Rochemaure] (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 146).

Rem. Ce mot était un terme pol. employé à l'époque de la Révolution.

♦ Subst. masc. à valeur de neutre. Ce qui est exagéré, excessif (dans quelque chose). Hugo, dans l'expression, rencontre souvent ce qui est bien, ce qui est lumineux et éclatant, mais il part de là pour redoubler et pour pousser à l'exagéré, à l'éblouissant, à l'étonnant (SAINTE-BEUVE, Poisons, 1869, p. 36).

Fréq. abs. littér. :1 064. Fréq. rel. littér. :XIX^e s. : a) 1 769, b) 1 563; XX^e s. : a) 1 759, b) 1 118.

DÉR. Exagérément, adv. D'une manière exagérée. Exagérément drôle. Synon. excessivement, à l'excès; anton. modérément. Vous vous désolez exagérément (Ac. 1932). Tout ce que je désire, c'est qu'elle ne devienne pas trop la petite souveraine de cette école, et qu'elle ne tourmente pas exagérément cette petite (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 144). À tort ou à raison, j'en voulais à ma mère de ce que j'étais. Il me semblait que j'expiais le malheur d'avoir été, depuis l'enfance, exagérément couvé, épié, servi. Je fus, en ce temps-là, avec elle, d'une dureté atroce (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 33). Un chauvinisme qui me semble subsister dans une certaine presse exagérément anti-allemande (LARBAUD, Journal, 1935, p. 346). — [] ou [e-]. Cf. é-¹. Ds Ac. 1932. — 1^re attest. 1805 (DESTUTT DE TR., Idéol., p. 45); de exagéré, v. exagérer, suff. -ment². — Fréq. abs. littér. : 63.

BBG. — GOHIN 1903, p. 302. — JOURJON (A.). Rem. lexicogr. R. de Philol. fr. 1915-16, t. 29, p. 147. — QUEM. DDL t. 11. — RIGAUD (A.). Dialogue sur une patinoire. Vie Lang. 1968, pp. 653-657.

Encyclopédie Universelle. 2012.